Fin de l’enquête publique sur le projet d’extension de l’aéroport de Lille-Lesquin

L’enquête publique sur le projet d’extension et de modernisation de l’aéroport de Lille-Lesquin s’est terminée le 1er mars 2022. C’est l’occasion pour Virage Énergie de rappeler sa position contre ce projet d’un autre temps

L’extension de l’aéroport de Lille-Lesquin, une incohérence climatique

L’agrandissement sous couvert de modernisation est un projet d’un autre temps à contre-courant des engagements nationaux et internationaux. Ce projet d’extension de plus de 100 millions d’euros est contraire à la loi Climat et résilience encadrant les travaux d’extension. Il est contraire au Schéma Régional d’Aménagement, de Développement Durable et d’Égalité des Territoires, en ce qui concerne la lutte contre l’artificialisation et la consommation des espaces agricoles, naturels et forestiers. Il est évidemment contraire aux décisions prises dans l’Accord de Paris sur la limitation de la hausse des gaz à effet de serre. Enfin, cette extension pour doubler la capacité de l’aéroport n’a pas lieu d’être à l’heure où la MEL s’est engagée à réduire de 45% ses émissions de GES en 2030 !

Le projet est faussement présenté comme n’étant pas en concurrence avec le TGV en considérant uniquement les liaisons accessibles en train en moins de 2h30. En 2019, deux tiers du trafic aérien de l’aéroport de Lille-Lesquin correspondait à des vols intérieurs remplaçables par le train (TGV et train de nuit). A ce titre, on ne peut que déplorer qu’aucune des 10 lignes de train de nuit annoncées par le gouvernement ne concerne la région des Hauts-de-France.

Des hypothèses contestées et contestables

Le groupement Eiffage et Aéroport de Marseille – compte pourtant augmenter le trafic aérien pour 2039. Selon eux, cela représenterait un volume de 3,9 millions de passagers, et 24 729 vols commerciaux annuel, soit 68 mouvements d’avions commerciaux chaque jour. C’est-à-dire une augmentation « modérée » pour reprendre les termes d’Aéroport de Lille de 25 % des rotations aériennes. Ces chiffres sont contestés et contestables. En effet, en réponse à l’appel d’offres, pour un même nombre de passagers, les prévisions du nombre de mouvements d’avions des deux autres soumissionnaires – le sortant la CCI Hauts de France associée à Egis et Vinci sont nettement supérieures. L’un évalue plutôt à 32 120 vols commerciaux annuels soit 88 mouvements commerciaux d’avion par jour. Une augmentation de 51% par rapport à 2019. L’autre estime un trafic à 36 500 vols annuel soit 100 mouvements commerciaux d’avion par jour. Une augmentation de 72% par rapport à 2019. Pour augmenter l’emport (nombre de passager par vol) Aéroport de Lille envisage la venue de gros porteurs de code E (A350 – B777), par l’élargissement de la piste principale de quinze mètres, ce qui n’est pas une « mise aux normes de sécurité » de l’existant, mais un agrandissement substantiel qui ne dit pas son nom.

Fini le U voilà le L
Au volet climaticide du projet s’ajoute l’ineptie économique. Dans son rapport public annuel 2022, la Cour des comptes s’inquiète de l’avenir des aéroports français, leur modèle économique dépendant trop du trafic ! La date du retour du trafic à son niveau de 2019 est incertaine. La reprise pourrait, en outre, ne pas être totale pour certains segments de clientèle comme les voyageurs d’affaires, compte tenu du fort développement du travail à distance. Après avoir anticipé une évolution du trafic en V, comme lors de l’épidémie de SRAS de 2002 -2003 et de l’éruption du volcan islandais Eyjafjöll en 2010, le secteur aérien a évolué selon une courbe en U. Mais la crise perdure et la courbe du trafic sera peut-être en L.

Avec un modèle économique obsolète fondé sur la croissance continue du trafic aérien, il est urgent de revenir sur terre avec un réel projet de territoire répondant à l’urgence climatique et à la justice sociale.